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Damso, Huit ans après sont plus grand album, Ipseité : est-il toujours à la hauteur ? 

Article rédigé par GUEGUEN Théo

Le 28 avril 2017, Damso bousculait la scène rap francophone avec Ipseité, un album devenu culte dès sa sortie. Huit ans plus tard, cet ovni musical n'a rien perdu de sa force brute. Pourtant, l’artiste derrière ce monument semble aujourd'hui plus isolé que jamais, entre indépendance artistique radicale, polémiques, clashs avec son ancien mentor et retour plus que moyen sur sa musique actuelle. 

Revenons sur l’héritage dIpseité, l’état actuel d’un Damso insaisissable, et les polémiques et critique récentes qui l’entour.


L’héritage d’Ipseité


Les débuts d’un artiste prometteur 

En 2015, Damso n’est encore qu’un jeune talent belge, tout juste signé, chez 92i, le label de Booba. Il a été révélé au grand public en décembre 2015, grâce à un couplet marquant sur Pinocchio, morceau extrait de Nero Némésis, le dernier album de Booba à l’époque. pour le public de l’artiste du 92, c’est une vraie claque, découvrant à ce moment, un vrai kicker a en devenir. 

Il faudra cependant attendre 2017 pour voir l’éclosion de l’artiste belge, avec Batterie Faible, un premier album introspectif et cru, aujourd’hui certifié triple platine. Ce projet a marqué les esprits pour sa sincérité, sa violence émotionnelle et la force de son écriture, il est encore considéré par une partie de ses fans comme son œuvre la plus authentique. Pourtant, son plus grand succès n’était que sur le point d’arriver !


Ipseité, La consécration

Le 28 avril 2017, Damso dévoile Ipseité, un album concept autour de la quête d'identité. Le titre lui-même, « Ipseité », désigne ce qui rend une personne unique et absolument distincte des autres. À partir de cette idée, l’album se construit comme un miroir éclaté en quatorze morceaux, chacun reflétant une facette de l’artiste : amour toxique, désillusions, foi, violences intimes et doutes existentiels s’y entrecroisent. 

Des titres comme Macarena, Mosaïque solitaire ou Kin la Belle proposent un mélange subtil de confession personnelle, de critique sociale et de poésie noire. Un équilibre rare dans le paysage musical francophone.


L’Album de tous les records

Dès sa sortie, Ipseité est un raz de marée. L’album est certifié disque d’or en une semaine, puis disque de platine en quinze jours, jusqu’à atteindre aujourd’hui le 2X Diamant avec plus de 1 million de ventes uniquement en France.

Le projet devient immédiatement une référence, il redéfinit les codes du rap introspectif en francophonie, pousse d'autres artistes à oser l'intime et le personnel. À une époque où le rap est encore largement dominé par la performance, l’ego trip ou la provocation, Ipseité s’impose comme un album de rupture, fessant passer son auteur, au statut de tête d’affiche.

Huit ans plus tard, Damso est-il toujours une tête d’affiche ? A-t-il continué de surprendre ? 

Pour le meilleur ? ou bien pour le pire ? 



Damso aujourd’hui : solitude choisie ou liberté artistique ?


L’après ipséité

Le 15 juin 2018, Damso enchaîne avec un troisième album studio : Lithopédion. Rapidement certifié disque d’or, puis de platine, atteint lui aussi le diamant. Il est même sacré album rap de l’année aux Victoires de la musique 2019

Pourtant, le projet a reçu des critiques bien moins élogieuses que son prédécesseur avec notamment le morceau  “Julien”, qui a généré un bad buzz, Un titre, où Damso adopte le point de vue d’un pédophile, présenté de base par l’artiste comme une dénonciation, il est jugé par beaucoup comme extrêmement maladroit, voire malsain.

Finalement, le 29 août, après la fin de son contrat de trois albums, le départ du rappeur du 92i est officialisé, accompagné d’un message de remerciement de l’artiste envers son mentor

Cette séparation, pressentie, a révélé et amplifié les hostilités entre les deux rappeurs qui était présente en interne depuis quelque temps. Cette dernière a aussi déclenché le début d’un long clash qui se clamera grâce à l’abstention de Damso face au pique de Booba.


Un nouveau départ 

En 2020, Damso reprend totalement les rênes de sa carrière. Le 23 janvier, il fonde son propre label, Trente-Quatre Centimes, en référence au montant qu’il possédait à ses débuts dans la musique. Il y sort, le 18 septembre de la même année, QALF, un album en préparation depuis 2015 et déjà teaser depuis Ipseité sur le titre  “Ξ. Une âme pour deux”.

Acronyme de “Qui Aime Like Follow”, QALF est un projet très attendu, et sa sortie est un événement. L’album atteint des sommets sur Spotify, Damso devenant même l’artiste le plus écouté au monde au moment de la sortie. Cependant, malgré cet engouement, la critique reste réservée. Jugé trop mélodique et manquant de l’intensité technique qui faisait la réputation du rappeur, QALF déçoit une partie de son public fidèle.


Un virement de carrière plus qu'intrigant 

Depuis 2023, Damso s’est progressivement retiré de la scène médiatique et musicale. En guise d’au revoir, il annonce lors du dernier concert de ça tourner :

 « Je pars en camping-car ! Merci beaucoup, et on se capte en 2025. » 

Ce road trip en solitaire, qu’il partage de temps en temps sur ses réseaux sociaux, prend rapidement une dimension symbolique.

En 2024, Damso refait surface, il annonce que Bêyah, prévu pour mai 2025, sera son tout dernier album. Cette annonce choque, intrigue et divise. Certains y voient une stratégie marketing, d’autres un véritable adieu à la musique. Mais la suite ne va faire que brouiller davantage les pistes : quelques mois plus tard, le rappeur sort J’ai menti, un album surprise, aux antipodes de ses précédents propos.

Musicalement, J’ai menti, est un objet complexe, hybride, expérimental. Entre amapiano, shatta, sonorités électroniques et morceaux sombres, le projet déroute. Sa structure éclatée, volontairement décousue, laisse de nombreux auditeurs perplexes. Le titre même, J’ai menti, sonne comme une provocation, Certains fans se sentent manipulés, trahis ou sont simplement déçus.

Mais ce nouveau départ a-t-il vraiment apaisé les tensions ? Est-ce que ce changement ne causera pas la chute de Damso ?


Retour des clash et polémique !


Le retour du DUC 

Dans ce climat de doute, les tensions avec Booba sont revenues au premier plan. En 2024, le DUC relance les hostilités via son interview chez CKO, reparlant notamment du titre “julien” qui devait être le premier single de Lithopédion, accompagné d’un clip en collaboration avec des associations

“Tu vois le morceau julien ? [...] Tellement Il est perdu, avec sa manageuse de l’époque il voulait le sortir en première single de l’album avec un clip avec des associations [... ] Déjà, ton morceau, il ne dénonce rien [...] tu plain le pauvre julien parce qu'il a des pulsions.”
Extrait de l’interview CKO de Booba, le 22 décembre 2024

Cette déclaration publique choque, mais relance également le débat sur les limites de l’art et surtout sur la stabilité mentale de Damso, que Booba met explicitement en doute.


Un nouveau Damso 

Suite à son retour médiatique avec l’annonce de Bêyah, l’artiste belge a amorcé un virage personnel qui intrigue autant qu'il déroute. Lors de son passage dans l'émission Quotidien en novembre 2024, il a évoqué sa pratique du « jeûne de parole », expliquant que se taire régulièrement lui permet de mieux écouter et de s'apaiser.

« Quand on se tait, on finit par essayer vraiment d’écouter l’autre. Très souvent, quand les gens parlent entre eux, ils ne taisent pas leur voix intérieure. Et quand on fait ce jeûne de parole, [...] j’arrive à taire ma voix intérieure » 
Affirme Damso sur Quotidien, en novembre 2024


Damso est-il Damsautiste ? 

La sortie du morceau “Damsautiste” quelques semaines après son retour médiatique sur J’ai menti, n’a fait qu’alimenter les interrogations. Titre étrange, morceau confus, prétentieux ou volontairement provocateur

Le terme “Damsautiste”, contraction entre son nom et “autiste”, a choqué une partie du public, perçu comme maladroit, voire irrespectueux envers les personnes atteint de ce handicap. Pour ses haters, c’est un signe de plus que Damso s’enferme dans une bulle artistique.


Conclusion

Huit ans après Ipseité, Damso demeure une figure majeure du rap francophone, mais aussi, depuis quelles années, l’une des plus imprévisibles. Son parcours post-Ipseité est jonché de réussites commerciales, de prises de distance assumées, mais aussi d’incompréhensions profondes et de revirements qui déroutent jusqu’à ses plus fidèles auditeurs.

Alors que Bêyah est censé clore son œuvre, une question demeure : s’agira-t-il d’un ultime chef-d’œuvre, ou d’une nouvelle énigme dans une carrière de plus en plus étrange ? 

Réponse le 30 mai prochain !


Article rédigé par GUEGUEN Théo

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